Finariel, l'élu de Larios

Finariel est né sur Larios, la troisième lune d'Adréis. Ses parents étaient tous deux de puissants clercs, ce qui laissait présager des aptitudes exceptionnelles, à l'image de Zadiel, qui venait de faire son entrée dans la légende. Mais contrairement à ce que l'on pensait, il ne montra dans les dix premières années de sa vie aucun pouvoir. En raison de cela, il devint un sujet de moquerie de la part de ses camarades, jaloux de la richesse et de la puissance de ses parents. Les brimades régulières, le mépris de certains de ses professeurs qui attendaient beaucoup de lui, tout cela rendit son enfance difficile, et il se mit à craindre le regard des autres.

Heureusement, ses parents se montraient compréhensifs, et étaient persuadés qu'il montrerait un jour de grands pouvoirs, même si tout semblait indiquer le contraire. Ils le soutinrent et l'entourèrent d'amour, l'empêchant de trop souffrir des moqueries et du mépris.

Comme tous les fiefs lunaires, celui de Finariel était en guerre. Alors que ce dernier allait sur sa dixième année, sa terre fut attaquée par les armées d'un puissant mage noir qui avait sous ses ordres un mage d'une puissance gigantesque : Drakan. Grâce à ce dernier, l'attaque fut d'une rapidité et d'une violence telle que personne ne put empêcher les armées maléfiques de pénétrer au plus profond du territoire, arrivant jusqu'à la ville où vivait Finariel et ses parents. Ceux-ci allèrent alors en première ligne, mettant au service de leur communauté leurs pouvoirs conjoints. A eux deux, ils soignaient sans arrêt les guerriers qui tentaient d'arrêter les armées ensorcelées du mage, sans se soucier de ce que cela leur coûtait. Ils voulaient seulement protéger leur foyer, et leur enfant. Mais malgré leurs grands pouvoirs, ils tombèrent bientôt, épuisés. Ceux qui les défendaient, sans leur soutien, furent mis promptement en morceaux par les soldats furieux d'avoir perdu tant de camarades.

Peu après, le Mage noir lui même arriva sur les lieux, et se trouva ravi d'avoir à sa merci deux clercs d'une telle puissance. A titre d'exemple autant que pour renforcer son propre pouvoir, il les attacha sur la place du village, et les tortura savamment pendant plusieurs jours. Et, tandis qu'il se nourrissait de leur douleur, celle-ci frappa le jeune Finariel, qui, caché, observait toute la scène.

C’est alors que son pouvoir se révéla, brusquement, bien plus intense que tout ce que l'on avait imaginé. Il révéla un don d'empathie, chose très rare, d'autant qu'il était très aigu. Assommé par la douleur qu'il ressentait dans le village en ruines, au milieu de ses parents torturés, des enfants assassinés, des femmes violentées, Finariel se retrouva incapable de bouger, incapable de fuir, obligé de souffrir en silence, pour ne pas être trouvé...

Ce n'est que plusieurs jours plus tard qu'il réussi à se sortir de sa torpeur douloureuse. Hagard, il erra dans le village qui achevait de se consumer, abandonné par la vie et les soldats. Tel un spectre, il resta plusieurs heures fixant les cadavres torturés de ses parents, halluciné. Lorsqu'il s'arracha à la morbide contemplation, il s'enfuit enfin du village, traversant les terres dévastées qu'il avait si souvent parcourues. Quelques jours plus tard, il arriva en vue d'une grande ville, encerclée par l'armée de l'envahisseur. Jouant de sa jeunesse, il parvint à s'infiltrer, passant les murs de la cité. Une fois qu'il parvint à montrer qu’il n’était pas un espion, on l'autorisa à se rendre à l'hôpital, qui était évidemment rempli de blessés dont il sentait la souffrance. Environné par la douleur, il laissa ses pouvoirs le guider, et soigna, soigna, soigna jusqu'à être vidé de toute son énergie, jusqu'à ce qu'il tombât lui-même comme une masse. Il était épuisé mais il était heureux, car il sentait moins de souffrance...

En partie grâce à son aide, la cité tint bon, le temps suffisant pour qu'une armée alliée arrive et oblige l'ennemi à lever le siège. Plus tard, il rejoignit une école de clercs et pris la suite de ses parents. Il honora leur mémoire, et n'oublia jamais les jours noirs où il avait senti leur douleur le lacérer comme des lames...

Surpassant tous les autres élèves grâce à son don d'empathie et son héritage de pouvoir, il fut bientôt célèbre, et courtisé. Nombreux étaient les seigneurs qui le voulaient dans leur armée ou à leur service personnel, mais Finariel avait trop vu les horreurs de la guerre. Suivant la voie de Zadiel, il choisit de s'exiler, mais pas n'importe où : sur Adréis ; là où il serait tranquille, et non poursuivi inlassablement par les seigneurs guerriers.

Et il avait un but : il voulait trouver un moyen de faire cesser la folie des Lunaires, et de ramener la paix sur les lunes, chose que l'on n'avait pas vu depuis des siècles...